Dans le cadre de mon service civil suisse, je suis amené à donner des cours de français, math et bureautique à des requérants d’asile non-francophones, une expérience humaine enrichissante et dépaysante.
Loin de mon cadre universitaire habituel et du monde des start-ups, j’ai l’occasion de rencontrer des personnes non-technophiles (sans aucunes connotations négative de ma part), mes collègues et certains migrants, pour qui l’utilisation du web (mail, news, réseaux sociaux, Google) est entrée dans leur quotidien, la plus part possédant même un smartphone. Cependant, je me retrouve fréquemment à leurs donner des conseils sur comment certains outils basiques pourraient fortement améliorer leur quotidien.
Par exemple, la combinaison de Google doc, bit.ly, Dropbox et Classmarker (SaS pour créer des petits tests en ligne) a simplifié grandement les séances de cours de français sur ordinateur.
Alors qu’un bon nombre de startups et d’entreprises du web s’attèlent à améliorer notre quotidien, le rendre plus efficace ou étendre le champ des possibles, est-ce limité aux technophiles? Pourquoi la transition des early adopters (Ben vous avait prévenu pour les anglicismes) vers la majorité des utilisateurs est si lente et perméable alors que les bénéfices pour ceux-ci sont flagrants?
On dit souvent que l’idée pour une startup n’est que le premier pas, l’exécution reste le vrai challenge. Il se pourrait bien que le second défi soit de trouver le bon mix de product design, communication et d’user experience pour surmonter les barrières qui empêchent la majorité des personnes d’utiliser ces services.
Je sais que les poditeurs de Niptech sont à la pointe de l’innovation, mais il faut faire attention à ne pas oublier qu’il y a un monde en dehors de celui de la tech et des startups et que l’innovation est réellement aboutie quand elle est conçue de manière à pouvoir atteindre les masses.
Alors que le 25 novembre est le « Update your parent’s browser day » (lancé par des web développeur las de voir les stats d’IE 6), prenez le temps en passant de leur montrer quelques outils pratiques pendant que Firefox se télécharge dimanche soir…
Crédit image: Pascal Briod
2 réponses à “Des early adopters à la masse”
Pour ceux qui veulent creuser ce sujet, le livre « Crossing the Chasm » est un must-read pour tout startuper, depuis sa parution dans les années 1990 (bon, vu ce qu’il s’est passé en 2000/2001, il semble que pas grand monde ne l’ait pris au sérieux à l’époque.)
Le gouffre (chasm) se situe entre les « early adopters » et la « early majority », quand il faut passer d’un produit de niche à un produit plus grand public. Beaucoup de startups commencent bien avant de stagner pendant longtemps. C’est ce qui arrive quand on n’arrive pas à se connecter à la majorité dont François parle. Un sujet passionnant.
Tout à fait d’accord, je ressens régulièrement ce sentiment avec des personnes de mon entourage (possesseurs d’ordinateur et smartphone).
La plupart (tous ?) ne connaissent pas certains services qui pour nous sont évidents (Dropbox, Google Drive, Evernote, etc.). Et il est parfois difficile de les faire utiliser ces services (aussi simples soient-ils à utiliser/mettre en place).
D’où vient cette réticence ?
Autre exemple : beaucoup de personnes utilisent Google pour la recherche, et YouTube pour regarder des vidéos. Pourquoi ne créaient-ils pas un compte Google (certains ont même déjà un compte Gmail et/ou un appareil Android) pour « favoriser » des vidéos YouTube, personnaliser Google Actualités, synchroniser/personnaliser Google Chrome, etc. ?